Étape après étape, l’entreprise de démantèlement de l’enseignement et de la promotion des langues régionales de ce gouvernement continue, acharnée, hostile, impitoyable.
Après les réformes Blanquer du collège et du lycée ; après les modifications des modalités de concours du capes de langues régionales ; après les tentatives de museler le vote émancipateur des députés à l’Assemblée Nationale lors de l’examen de la loi Molac, après le recours honteux déposé devant le Conseil constitutionnel, voilà que ce que la France compte de plus rétrograde et d’irrémédiablement jacobin enfonce le clou avec la décision inique des prétendus « sages » qui vise purement et simplement à enterrer définitivement l’enseignement immersif des langues régionales.
En effet, la sentence laisse augurer d’une anticonstitutionnalité de l’immersion, remettant en cause la structure des réseaux Diwan, Seaska, Calandreta ou autre Bressola dont certains existent depuis plus de 50 ans et étouffant dans l’œuf la création du réseau « Scola Corsa » dans l’île.
De plus, dans le système public, le doute plane sur la fin de l’expérimentation immersive. Quant aux filières bilingues, malgré des progrès patiemment construits par l’opiniâtreté de la revendication, on en connait malheureusement le cadre restrictif au sein de l’Éducation Nationale. Cette régression, véritable retour en arrière dans la France de l’après-guerre constitue une provocation inadmissible, inconcevable dans le monde ouvert et multipolaire d’aujourd’hui ! Qui plus est, le mépris avec lequel une minorité haut-placée a bafoué le vote d’une très large majorité de la représentation nationale constitue un insupportable déni de démocratie !
Mieux, c’est un véritable délit d’identité qu’a instauré le texte du Conseil institutionnel publié le vendredi 21 mai dernier. L’anticonstitutionnalité des signes graphiques dits diacritiques induit de facto l’impossibilité de pratiquer les langues régionales, pourtant déclarées « richesses du patrimoine français » dans tous les domaines de la vie publique et officielle. Les hussards noirs de la République sont de retour, nous mettant tous au pas dans un obscurantisme inquiétant.
Partout, en Bretagne, au Pays basque, en Occitanie, en Alsace-Lorraine, en Catalogne, dans les Flandres, l’indignation s’exprime et la mobilisation s’amplifie, rejointe par de plus en plus de citoyens de tous partis et opinions qui disent non à cet acharnement schizophrénique. Des voix autorisées se font entendre : tribunes d’intellectuels et personnalités, juristes de renom, élus de toutes tendances, toutes stigmatisent une logique surréaliste et funeste d’un autre temps. La France, seul pays de la Communauté européenne à ne pas avoir ratifiée la Charte des langues minoritaires se claquemure encore plus dans son obsession jacobine. Elle contrevient aux textes internationaux, ceux des instances européennes comme ceux des instances mondiales comme l’ONU.
Le collectif Da ch’elle campinu e nostre lingue adhérent du réseau Pour Que Vivent Nos Langes qui œuvre avec vigueur et unité pour la reconnaissance de langues et de patrimoines inaliénables, appelle citoyens, parents, enseignants, responsables associatifs, militants culturels, élus politiques et personnes attachées à leur identité à nous rejoindre, le 29 mai à 10h30 à Bastia, devant l’Inspection d’Académie, pour sauver nos richesses communes que sont la langue corse et les langues régionales !
Inseme, spannemu a nostra lingua ! Inseme, salvemu e nostre lingue ! •